Imprimer cette page
Production du charbon de bois en Guinée-Conakry. Production du charbon de bois en Guinée-Conakry.

En Guinée, la production du charbon de bois accentue les effets du changement climatique

Rareté des pluies, vagues de chaleur de plus en plus aiguës, difficulté d’accès à l’eau potable surtout dans les zones rurales. C’est le quotidien des populations de la préfecture de Fria, en Guinée Conakry. Parmi les causes, la coupe intensive de bois utilisé pour la carbonisation, qui accélère les effets du changement climatique. Depuis la fermeture de l'usine d'alumine en 2012, les fours à charbon sont devenus la source de revenu principale des populations. A l'occasion de notre Opération spéciale sur la COP 23 à Bonn, nous republions ce reportage produit par notre équipe en Novembre 2016 lors du précédent sommet international sur le climat.

La carbonisation est  devenue depuis une quinzaine d'années l’une des  principales sources de revenu  pour les populations de la région, et notamment chez les jeunes en manque de formation et d'opportunités d'emploi.  A Fria par exemple, la fabrication de charbon de bois est l’une des activités principales pour la plupart des anciens travailleurs de la société RUSAL depuis l’arrêt de l’usine en 2012. Sans emploi, ils se sont reconvertis dans cette activité artisanale.

Malheureusement les conséquences de la carbonisation sont très visibles dans cette préfecture autrefois appelée  « petit Paris ».  Rareté des pluies, sécheresse, tarissement des cours d’eaux, campagne agricole perturbée... Ce sont les conséquences  de la déforestation massive pour fabriquer du charbon de bois, conséquences quotidiennement vécues par les populations de Fria qui se mettent elles-mêmes en danger malgré les campagnes de sensibilisation.

Selon les spécialistes 80% de la population utilise le bois et le charbon de bois comme source d’énergie. Ce malgré tous les dangers que cela comporte. La grande majorité des charbonniers explique leur action par des besoins de survie. C’est le cas de Mamadou Moussa Bah, en pleines activités à Adamasorya, un village situé dans la préfecture de Fria. Ecoutez-le dans le reportage ci-dessous. Nos reporters y interrogent aussi des utilisateurs du charbon de bois à Conakry.  Pour eux lutter contre  la carbonisation est difficile. Parce que les autres sources d’énergies comme le gaz et l’énergie électrique ne sont pas encore à la portée de tous vu compte tenu de leurs coûts. Zao Guilavogui, directeur préfectoral de l’environnement des eaux et forêts de Fria, explique également les dangers sur l'écosystème et pourquoi les autorités chargées de veiller sur l’environnement à Fria ne parviennent pas à mettre fin à la fabrication du charbon de bois à Fria :


Les environnementalistes sonnent l’alerte sur les conséquences de la carbonisation et l’appauvrissement  des sols, qui affaiblissent l’agriculture et favorisent la sécheresse. Faire des fours à briques et à charbon, c’est certes l'opportunité de gagner sa vie dans ce contexte difficile, mais c'est également contribuer à la destruction du couvert végétal. Pour les spécialistes, les solutions durables passent évidemment par l'obligation de reboiser et la  promotion des autres énergies domestiques, mais également par la nécessité d'offrir des opportunités de revenus alternatifs à ces populations.

POUR ALLER PLUS LOIN


Le GIEC estime que 12 % des émissions globales de gaz à effet de serre proviennent de la déforestation.

Près de 90 % de la population des pays d’Afrique de l’Ouest utilise le bois-énergie pour assurer les besoins de cuisson et de chauffage. Les autres formes d’énergie, telles que les hydrocarbures ou l’électricité, restent quasi indisponibles ou simplement inaccessibles pour les populations rurales en raison de leur coût prohibitif. Dans les milieux ruraux, près de 80% des populations s’investissent de manière occasionnelle ou partiellement professionnelle dans la production séculaire du charbon de bois dans le dessein d’obtenir des revenus extra-agricoles. Tel que conduit en Afrique de l’Ouest par les producteurs, le processus de carbonisation se caractérise par la faiblesse de sa productivité ; la faiblesse de son rendement (globalement moins de 11%), la médiocrité de la qualité du charbon qui en est issu, une perte de temps notoire pour les charbonniers utilisant du bois vert fraîchement coupé qui rallonge la durée de la carbonisation.

Ce long format multimédia a été réalisé en Novembre 2016 à l'occasion de la couverture de la COP22, sommet international sur le climat, à Marrakech, par la Fondation Hirondelle.