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Un journaliste de Studio Yafa, programme de la Fondation Hirondelle au Burkina Faso, en reportage au barrage de Mogtedo, frappé par la sécheresse, dans le centre du pays ©Studio Yafa / Fondation Hirondelle Un journaliste de Studio Yafa, programme de la Fondation Hirondelle au Burkina Faso, en reportage au barrage de Mogtedo, frappé par la sécheresse, dans le centre du pays

Informer efficacement sur l'urgence écologique

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Le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité, provoqués par l’activité humaine, se traduisent déjà par une crise écosystémique majeure. Accusés d’immobilisme, de catastrophisme, ou d’avoir fait le jeu des lobbies pendant trop longtemps, les médias ont un rôle crucial à jouer pour témoigner de cette crise et mettre en lumière des solutions de mitigation et d’adaptation. Cet article est tiré de notre 10e publication "Médiation", disponible sur ce lien.

D’année en année, de COP en COP, de rapport du GIEC en rapport du GIEC, les données alarmantes s’accumulent : réchauffement climatique moyen tendu au mieux vers une trajectoire de 2,6 °C, au moins 100 000 morts supplémentaires dus chaque année à l’élévation des températures, 30 millions de déplacés tous les ans en raison d’événements météorologiques extrêmes, 69 % de perte d’effectifs chez les animaux vertébrés sauvages ces cinquante dernières années… Rien ne semble stopper la marche de l’humanité vers une catastrophe écosystémique majeure, induite depuis l’ère industrielle par sa façon de produire et de consommer. Suivant une tendance apparue aux États-Unis en 2019, l’année écoulée a vu plusieurs médias européens de référence déclarer la crise écologique mondiale comme une de leurs priorités. Face à l’urgence planétaire, des journalistes s’engagent et entendent mobiliser directement les citoyens.

Cet effort d’action médiatique contre le changement climatique repose sur la croyance que le journalisme peut éveiller les consciences aussi vite que le climat s’emballe. Or rien n’est moins sûr à l’heure où plus de la moitié des Étasuniens, des Australiens ou même des Allemands, trois peuples pourtant parmi les mieux informés de la planète, restent à convaincre de l’origine humaine du changement climatique.

Le jardinier-paysagiste Gilles Clément, auteur dès 1999 d’un texte précurseur dans sa façon de penser l’inextricable lien qui unit toutes les espèces vivantes dans une planète finie*, a l’habitude de dire qu’« il faut faire le plus possible avec, le moins possible contre ». Au regard des données actuelles – la température moyenne globale a déjà augmenté de 1,1 °C par rapport aux temps pré-industriels – et de l’inertie propre au phénomène de l’effet de serre, le changement climatique est déjà là pour des décennies. Peut-être est-il temps pour les médias de faire également avec lui, et d’apprendre à leur public à vivre avec lui : à le comprendre, à s’adapter à lui au fil de ses manifestations plus ou moins dramatiques, à l’appréhender non seulement en termes de résistance mais aussi d’opportunités. Face à la gravité des bouleversements géophysiques en cours, ce numéro de Médiation recense et salue des initiatives médiatiques qui à la fois alertent, informent et se tournent vers les solutions : ensemble, avec leur public, elles contribuent à inventer le monde de demain.

Notre responsabilité face à la crise

Phénomène global aux conséquences locales, l’urgence écologique est devenue un sujet médiatique de première importance dans les pays où la Fondation Hirondelle travaille : inondations en Centrafrique et au Sahel cet automne, sécheresse de la bande sahélienne, pollution des centres urbains envahis de véhicules thermiques et surannés, raréfaction des ressources naturelles dont notamment l’eau, migration de populations en danger... Comment traiter la question écologique qui implique tellement d’angles ?

Comme souvent, c’est par l’écoute des populations que la couverture de l’urgence écologique peut se faire. Permettre le témoignage sur les difficultés qui se créent du fait du changement climatique mais aussi sur les solutions concrètes et à taille humaine qui se développent. Il y a aussi la formation des journalistes afin qu’ils maitrisent les questions, puissent vulgariser les données et les enjeux, en toute transparence et sans se faire piéger par de fausses études ou la manipulation de certains intérêts. Améliorer les relations entre les mondes scientifique et journalistique est un objectif de la Fondation Hirondelle pour ses rédactions. La responsabilité sociale de nos médias face à la crise écologique est donc immense : informer, expliquer, faire dialoguer et rendre audibles les voix des plus vulnérables pour que des décisions soit prises en faveur d’un monde durable.

Retrouvez ici notre Médiation No.10 dans son intégralité.

* Gilles Clément, Le Jardin planétaire – Réconcilier l’homme et la nature (Albin Michel, Paris 1999).