L’information fiable, remède à la désinformation

Dans un espace médiatique dominé par les réseaux sociaux, la désinformation a trouvé un terreau fertile pour proliférer ces dix dernières années. Pour contrer ce phénomène nuisible à la cohésion des sociétés, une approche préventive reste à inventer.

En 2025, dans l’espace médiatique en ligne, la désinformation est devenue un phénomène à la fois généralisé, lucratif et efficace. Plus de 17 % du trafic mondial sur Internet est factice, constitué de robots, d’utilisateurs insincères ou malveillants. Près de la moitié de la population mondiale déclare s’être laissée berner par une infox au cours de l’année écoulée. Plus de 2,6 milliards de dollars US sont achetés en espaces publicitaires sur des sites de désinformation. Et 87 % de la population mondiale estime que la désinformation a déjà eu un impact important sur la vie politique de son pays.

Comme l’a montré l’histoire du XXe siècle, la désinformation de masse ne date pas d’hier. Elle a longtemps été l’apanage de régimes autoritaires, qui faisaient œuvre de propagande médiatique quand les régimes démocratiques favorisaient au contraire un pluralisme des médias garantissant à la fois la liberté d’expression et le contrôle des puissants par un public informé.

Mais depuis dix ans, la domination des réseaux sociaux dans le paysage médiatique mondial a permis à la désinformation de prendre des formes multiples et de proliférer : infox destinées à susciter l’inquiétude chez certains profils psychologiques ciblés (Cambridge Analytica), chaos informationnel propagé par des acteurs médiatico-militaires pour jeter un écran de fumée sur leurs activités (groupe Concord de feu Evgueny Prigojine), industrie du deep fake dopée à l’intelligence artificielle pour mener des campagnes d’influence politique dans des pays étrangers (Doppelgänger)… Avec à chaque fois, la démultiplication de ces campagnes par des utilisateur.rice.s conditionné.e.s par des algorithmes, et prompts à partager ces contenus inquiétants à la multitude de leurs contacts d’affinité.

Face à cette traînée de poudre désinformationnelle, les vieux remèdes ont fait long feu : le fact-checking a posteriori, s’il reste utile, est toujours sûr d’avoir trois longueurs de retard. Une approche préventive reste à inventer, et elle passe par trois niveaux de responsabilités : celle des médias qui doivent produire et diffuser plus d’information de qualité, celle des États qui doivent favoriser la circulation de l’information fiable en encourageant le journalisme et en régulant les plateformes pour lui donner plus de visibilité, et celle du public à qui il appartient par ses choix de consommation médiatique et son esprit critique de ne pas se laisser tromper.

En partant des expériences de la Fondation Hirondelle, ce numéro de Médiation propose un tour d’horizon de quelques initiatives en la matière, habitées par la conviction qu’une société mieux informée est aussi mieux outillée pour aborder les grands problèmes auxquels elle est confrontée, de façon inclusive et concertée.

Cet extrait est tiré du 15ème numéro du Médiation « L’information fiable, remède à la désinformation », que vous trouverez attaché en haut de cet article ou ici.